Durant l'été 1886, à un moment où
l'impressionisme s'épuise - la dernière exposition du groupe vient de
s'ouvrir au printemps - et où le néo-impressionnisme conquiert la
nouvelle génération, plusieurs peintres séjournent en Bretagne. Renoir
passe ses vacances familiales à Saint-Briac, le professeur de dessin
Schuffenecker est en vacances scolaires à Concarneau, Monet est à la
recherche de nouveaux motifs à Belle-Île, Gauguin, sans le sou, vit à
crédit à Pont-Aven en attendant des jours meilleurs, le jeune Emile
Bernard fait le tour de la Bretagne à pied et l'australien Russel, venu
se former en France, passe l'été à Belle-Île.
Avant eux, Boudin, Morisot et Signac ont déjà peint la Bretagne
qui continue de séduire les artistes. Monet, en pleine tempête au bord
de la Côte sauvage, peindra en dix semaines trente-neuf peintures, qui
figurent parmi les plus fortes de son oeuvre. Signac à Saint-Briac,
Portrieux et Concarneau, Van Rysselberghe à Roscoff et Luce à Camaret
peindront des marines épurées, que l'on considère comme les plus belles
réussites du néo-impressionnisme.
A Pont-Aven, Gauguin abandonne le style de son maître Pissarro
et Bernard renonce à la tentation pointilliste. Ils vont créer tous
deux le synthétisme, l'esthétique de l'Ecole de Pont-Aven. Mais de
nombreux peintres de ce mouvement et bien d'autres continueront à
peindre en Bretagne suivant l'espri impressionniste, s'efforçant de
traduire les ciels tourmentés et le mouvement de la mer et de saisir
les effets lumineux éphémères.
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