Pour la
première fois depuis cinq cents ans, les 337 plantes peintes dans le
manuscrit des « Grandes Heures » d’Anne de Bretagne sont présentées
hors de leur précieux écrin. Unique mais fragile, ce manuscrit de la
Bibliothèque royale, désormais l’un des joyaux du Cabinet des
manuscrits à la Bibliothèque nationale, n’a pu être consulté au fil des
siècles que par un petit nombre de privilégiés.
A l’époque où elle préparait
une maîtrise d’archéologie, Michèle BILIMOFF a eu ce rare bonheur.
Après une carrière d’ingénieur archéologue au CNRS, elle n’avait pas
oublié son émotion devant ces représentations de plantes si réalistes,
aux couleurs encore si fraîches sur leur fond d’or, et par ailleurs
d’une diversité totalement insolite dans un livre d’heures. Pour faire
partager son émerveillement, elle a, pendant deux ans, étudié ces
plantes une à une, puis les a disposées à la manière d’un jardinier,
composant un paysage virtuel mais plausible, tenant compte des
caractéristiques de chacune, mais aussi des éléments connus sur les
jardins de la reine et de leurs environs. Champs, vignes, vergers,
plates-bandes… se déroulent ainsi sous nos yeux, peuplés de plantes que
nous connaissons toujours. Elles sont présentées au fil d’une promenade
imaginaire, avec leurs légendes, leurs utilisations, en s’arrêtant plus
ou moins longuement selon l’importance qu’on leur reconnaissait au XVIe
siècle. Mais vedettes ou humbles figurantes, toutes représentaient la
vie puisqu’à cette époque santé, nourriture, industrie, agrément,
dépendaient d’elles en grande partie. Pour nous qui aujourd’hui avons
de plus en plus tendance à nous tourner vers leurs pouvoirs
bienfaisants, cet ouvrage est une source de découvertes, d’étonnement
et d’admiration…
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