Il y avait, au fond d'un des multiples cartons entassés par mon père, quelques lettres écrites par lui en 1944. Elles sont rédigées au crayon de papier, souvent sur des feuillets de bordereaux récupés. Revenu du front russe, son régiment est stationné dans diverses villes allemandes d'où il écrit à sa mère et à des ami(e)s. Il a même pu profiter d'une brève permission à Berlin où il a vu les ravages des bombardements, y compris dans la rue qu'il habitait autrefois. Il surveille des trains, aide au travail des champs. Il a pu recevoir des lettres et il se rassure autant qu'il rassure sa mère. Mais ce n'est qu'une brève éclaircie puisqu'il va bientôt être au coeur de la bataille des Ardennes puis participer à la retraite des armées allemandes en Autriche pendant que sa mère va mourir dans un bombardement. N'avons-nous pas été depuis une soixantaine d'années entre deux front ? Cette longue paix ne nous a-t-elle pas rendus sourds et aveugles à la guerre qui continuait ? La guerre des riches contre les pauvres, la guerre des hommes contre la nature. Nous n'avons encore rien vu.
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