Il a déjà été question ici du paysage de l’Île aux Moines et de la place paradoxale qu’y tiennent les arbres : fermeture insupportable pour les uns, protection indispensable pour les autres. On peut toutefois se consoler d’abattages stupides ou de plantations idiotes en se disant que les arbres poussent et se coupent. Il suffit d’un peu de patience.
Il n’en va pas de même avec les constructions en dur et l’emprise qu’elles ont sur l’espace public. Or, on voit les côtes de l’île se doubler au fil des ans et par tronçons plus ou moins longs d’un véritable mur destiné à « protéger » les propriétés riveraines des « attaques » de la mer et, bien souvent à leur aménager des descentes privées sur la côte. Ayant, pour diverses raisons, souvent excellentes, échappé au passage du sentier littoral, des propriétaires entendent encore mieux marquer leur territoire par un mur défensif. Or, dans bien des cas, on peut douter des dangers dus à l’érosion, le recul du trait de côte étant particulièrement faible à l’Île aux Moines, en particulier sur le littoral est. Il est accéléré, parfois, par la coupe des aubépines, des épines noires et des chênes qui jouent un rôle stabilisateur.
Qui n’a pas été émerveillé, un matin ou un soir par les lumières rasantes qui font passer la côte d’un beau jaune doré à un orangé sans équivalent. Au printemps les aubépines font des taches blanches lumineuses. Si l’on s’approche, on découvre un monde secret : minuscules épaves, nid de martin pêcheur dissimulé sous les branches, rencontre improbable des flotteurs d’un fucus et des glands d’un chêne. Que l’on s’approche encore plus et l’on distinguera les minuscules fragments rouges des augets où les Vénètes recueillaient le sel il y 2500 ans.
On ne peut donc voir surgir les permis de construire des murs de protection empiétant sur le Domaine public maritime sans s’interroger sur la destruction du patrimoine paysager, naturel, archéologique du golfe du Morbihan. Est-ce bien légal ? Est-ce bien fait dans le souci de l’intérêt collectif ?
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