Parce qu'un film fondé sur sa vie est sorti en Allemagne au mois de septembre (Berlin 36), Gretel Bergmann vient se voir créditée par la Fédération allemande d'athlétisme du record d'Allemagne de saut en hauteur qu'elle avait battu en 1936. Née le 12 avril 1914, elle avait été écartée des épreuves des Jeux olympiques de Berlin en raison de ses origines juives. On lui préféra une concurrente plus présentable qui s'avéra par la suite être un homme...
Partie au USA en 1937, Gretel Bergmann est devenue américaine en 1942. Ce n'est qu'en 1995 qu'un stade de Berlin lui a été dédié mais elle a refusé de se rendre à l'inauguration. Toutefois, en 1999, elle a accepté d'aller en Allemagne (où elle avait dit qu'elle ne retournerait jamais) pour inaugurer un stade portant son nom dans sa ville natale de Laupheim. Elle a alors jugé qu'il pouvait être intéressant que les jeunes se posent la question de savoir pourquoi ce stade portait ce nom et cherchent à connaître son histoire. Mais il a fallu lui fournir un traducteur car elle ne pouvait plus parler allemand...
Ainsi donc, Gretel Bergmann aura dû attendre 59 ans pour mériter un hommage et 73 ans pour qu'on lui rende ce qu'on lui avait volé. Elle avait eu la bonne idée de ne pas mourir avant. De même qu'il a fallu un film (Indigènes) pour que l'on reconnaisse la place des ancien combattants originaires des anciennes colonies françaises, il a fallu un film (que nous ne verons sans doute pas faute d'un Tom Cruse à l'affiche) pour que les questions se posent avec un peu plus d'acuité. Quelle est ce monde où l'on ne s'empare d'une question qu'après l'avoir vue posée sur un écran ?
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.