Je ne sais pas encore si le filon des archives familiales s’épuise (il y a encore deux très gros tiroirs pleins et pas mal de pages traduites à exploiter quand même) mais j’ai envie de parler d’autre chose sans pour autant être hors sujet. Comme je le remarquais dans Mon père, Hitler et moi, on ne fait jamais que recommencer des histoires vécues par d’autres et mon intérêt pour les cimetières peut aisément se passer de psychanalyse (pour les visiteurs occasionnels, je rappelle que mon père a organisé les cimetières militaires allemands en France au début des années 1950). C’est donc tout naturellement que je visite les cimetières (et encore plus quand j’ai, comme maintenant, un projet de livre qui m’y conduit). Je pourrais aisément soutenir que tout cimetière recèle au moins une découverte, un moment d’émotion, une ébauche de roman et un bon moyen pour aborder la vie d'une commune.
Beaucoup de communes ont associé leur monument aux morts à leur cimetière, qu’il soit situé dans l’enceinte ou tout près de l’entrée. Dans de nombreux cas, il existe aussi une plaque commémorative apposée dans l'église ou sur un mur extérieur ; cette plaque ayant souvent précédé l’érection du monument proprement dit.
Les plaques du cimetière de Pluneret (Morbihan) sont exceptionnelles dans la mesure où elles offrent la mémoire des guerres la plus longue qui soit. En effet, elles commémorent Waterloo (1815), la guerre de Crimée (1857-1858), la guerre de 1870, la guerre de 14-18, la guerre 39-45, la guerre d’Algérie et elles évoquent même les morts civils. Pour faire bon compte, les quatorze soldats décorés en 14-18 ont des médaillons avec leur photographie.
Martyrisée par les guerres, la
commune de Pluneret semble aussi l’être par la vie moderne. Coupée en deux par
la ligne de chemin de fer et la nationale à quatre voies Nantes-Brest ; amputée
en 1950 de sa partie nord pour constituer la commune de Sainte-Anne
d’Auray ; écartelée entre les pôles Vannes et Auray, c’est une commune qui
a peut-être besoin plus que toute autre de la mémoire longue qui fonde une
unité dans le temps quand celle de l’espace est menacée.
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