Le journal de Brême Weser-Kurier a publié le 18 mars un article concernant le centenaire de M. Reinhardt Hardegen. Celui-ci était un ami d'enfance et un parent par alliance de mon père qui était né, comme lui en 1913. Leurs pères étaient morts à la guerre. Au cours du second conflit mondial, M. Hardegen a été un des sous-mariniers qui a le plus contribué à la propagande nazie, en particulier à l'occasion de son raid sur New-York (cf, par exemple, l'article du journal français "Toute le vie" du 26/2/1942).
Aujourd'hui encore, il n'hésite pas à déclarer qu'il avait vécu l'entrée en guerre des Etats-Unis comme une "chance" pour lui et il se flatte encore d'avoir reçu une décoration dont "les nazis honoraient leurs héros de guerre". Il est particulièrement choquant qu'il
puisse encore s'en prévaloir aujourd'hui et qu'un grand journal lui
permette de poursuivre la même propagande pour un régime criminel. Pour l'avoir
traité de "prolongateur de la guerre" parce qu'il avait coulé 22 navires alliés,
mon père s'est fâché avec lui en 1947.
Il faut dire que mon père avait fait un
autre choix et qu'il avait été condamné par un tribunal militaire en avril 1943
pour « corruption
du moral de l’armée » et « désobéissance ». Il est vrai qu'il avait profité de
son poste à l'Etat-major de Berlin pour contribuer, lui, à cacher une amie
juive, se procurer et diffuser l'appel de Noël 1942 du Pape où il était question
de "gens voués à la mort" en raison "de leur origine ethnique" et faire
connaître les réalités de la défaite de Stalingrad (on lira le récit de sa vie en allemand dans un livre à paraître en mai 2013 aux éditions Donat). Décédé en 2007, mon
père ne peut pas répondre à Reinhardt Hardegen. Fidèle à sa mémoire et à son
combat contre la barbarie, je veux dénoncer l'indécence des déclarations de M.
Hardegen qui sera resté un triste nostalgique du nazisme.