On peut rêver sur de vieux annuaires, tous les lecteurs de Patrick Modiano ou de Paul Auster le savent bien. Que dire, alors, des anciens carnets d’adresses ? Je viens de mettre la main sur celui que mon père devait avoir au début de la guerre. Il comporte plus de cinq cents adresses écrites généralement au crayon. Comme on aimerait suivre toutes ces pistes, découvrir qui, par miracle, aurait survécu et vivrait encore au même endroit. Á défaut, je pourrais faire un étrange index associé à nombre de personnages du livre. On y trouverait ainsi, pour ne prendre que trois exemples :
Pastor Mensching, Tetren ( ?) b Bückeburg. Page 84.
General Inf. v. Niebelschütz, tante Lisa, Schideck . Osterode. Page 109.
Tante Grete v. Ingersleben, Tante Martha v. Klitzing. Pretzsch/Elbe. P. 78. cf. page de gauche du carnet et photographie ci-contre.
Mais ce carnet est surtout pour moi l’occasion d’évoquer la mémoire d’Eva Gordon-John (1922-2006) dont on découvre le nom sur la page de droite du carnet et de donner les liens vers les sites qui permettent de mieux la connaître. De toutes les amies de mon père, c’est sans aucun doute, celle dont je regrette le plus la disparition. Non seulement je suis impressionné par son destin particulier (relisez les pages 82 et 112-113), son engagement prolongé dans les mouvements pacifistes (à voir en anglais ici et là), mais aussi par la belle franchise dont elle fait preuve dans les courriers à mon père (elle lui interdit d’envoyer à nouveau des coupures de journaux, le confronte à ses croyances et le houspille gentiment – j’y reviendrai sans doute).
Voici pour conclure une photographie, prise en 2004, alors qu’elle dépose une pétition avec ses amis du Parti des citoyens du monde.
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