Georg Elser a désormais son monument à Berlin. D’autres sont en projet. Il a montré par son action, sans doute mieux que quiconque, combien il revenait à n’importe qui de se mettre en travers de la route d’Adolf Hitler. Comme tout le monde, il savait et ce qu’il savait était suffisant pour juger qu’il fallait briser l’élan des nazis.
Dans un an, le 8 novembre 2009 , il conviendra de fêter les 70 ans de son courageux attentat. Il faudra cependant s’interroger sur la légitimité de son geste. Mon admiration pour sa lucidité et son courage ne me font pas totalement oublier que son action est fondamentalement identique à celle des hommes qui tuèrent Martin Luther King ou Gandhi. Être persuadé de la nocivité d’un homme peut-il suffire à justifier la violence à son encontre et ce d’autant plus que cet homme a été élu dans les formes ? C’est seulement après coup, après l’échec de l’attentat et au vu de ce que l’histoire nous a appris que les héros sont proclamés. Imaginons un instant que l’attentat ait réussi et que l’Allemagne se soit alors engagée dans une terrible guerre civile. N’aurait-on pas regretté le chancelier Hitler qui « seul aurait pu maintenir l’ordre dans ce pays et construire la paix comme il l’avait toujours proclamé ». L’histoire et mes convictions donnent plus que raison à Elser mais ma raison ne peut se résoudre à l’idée qu’un homme a le droit de s’ériger seul en justicier. C’est déjà bien discutable quand plusieurs s’y mettent. Ce n’est pas parce que ses réussites sont rares dans l’histoire que la non-violence collective ou individuelle n’est pas la plus belle forme d’action qui soit.
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