J’ai commencé à écrire Mon père, Hitler et moi avec cette phrase « J’ai beaucoup aimé le petit livre de la psychanalyste Lydia Flem intitulé Comment j’ai vidé la maison de mes parents. C’est une réflexion sensible sur la transmission. Avec l’autorisation de l’auteur, mais sans la prétention d’avoir ses qualités, je ferais volontiers un tome 2 qui s’intitulerait Comment je n’ai pas vidé la maison de mes parents. »
Mes lecteurs savent que je me suis contenté de faire un chapitre, le premier du livre, exposant le goût immodéré de mon père pour l’accumulation. Ils comprendront que je me sois empressé d’acheter le nouveau livre de Lydia Flem intitulé Comment je me suis séparé de ma fille et de mon quasi-fils (éditions du Seuil) et que j’ai envie de leur en parler.
Lydia Flem creuse la veine de la transmission, thème nodal du livre sur mon père – et de tous ceux que j’ai écrit, quoi qu’on en pense. La situation est moins grave que dans Comment j’ai vidé la maison de mes parents, même si la douleur se fait aussi physique, puisqu’ici la mort n’intervient pas et ne révèle pas son lot de secrets enfouis. Mais c’est bien encore la transmission qui s’interrompt quand les enfants quittent la maison. Que nous laissent-ils ? Qu’emportent-ils ? Il faut cesser d’être parent, ne plus l’être que par intermittences, taire l’offre gigantesque que l’on a pris l’habitude d’offrir pour ne plus répondre qu’à une demande qui va en s’amenuisant. Sans compter que nous sommes aussi, comme le montre Lydia Flem, les premiers auteurs de la séparation dont nous avons organisé, en coulisses, la sombre chirurgie sous le nom bizarre d’orientation. Alors, nos enfants continuent leur histoire qui est encore de l’ordre du devenir tandis que nous devons apprendre à être ce que nous sommes, une fois arraché ce qui faisait de nous, prioritairement, des parents. Lydia Flem dit ce qu’est cette mutation au quotidien, dans les objets, les textos, les photographies, les musiques. On n’échappe pas à ce qui déchire, on est toujours surpris par ce qui console et on finit par se dire que même après quarante, cinquante, voire soixante ans, il faut, sans doute, encore grandir. Il est bon de pouvoir partager ce que l’on ressent avec des chansons, des films et surtout des livres. Ceux de Lydia Flem ne parlant que d’elle parlent à tout le monde. On peut trouver sur le blogde Lydia Flem qu’elle peut aussi s’exprimer avec des photographies. Pour mes lecteurs de l’étranger, je signale que Comment j’ai vidé la maison de mes parents a été traduit en allemand, en anglais, en polonais, en castillan, en néerlandais, en hébreu, en grec et en japonais. On en souhaite autant à Lettres d’amour en héritage et à Comment je me suis séparé de ma fille et de mon quasi-fils.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.