La bibliothèque de Morlaix recevait aujourd’hui Nella Bielski. Celle-ci venait présenter son dernier roman C’était l’an 42 (Quidam éditeur). J’avais un souvenir lointain mais agréable d’une oeuvre de Nella Bielski et, surtout, son beau visage dans le film Les Gauloises bleues de Michel Cournot (qui fut son mari). Le titre du livre, la couverture qui représentait le pont Neuf et le square du Vert-Galant où j’ai tant joué étant petit et rêvé étant plus grand m’incitaient à aller voir plus loin. Les interrogations d’un officier nazi en poste à Paris n’étaient pas pour me déplaire et lorsque j’ai croisé au détour d’une page le général von Stülpnagel, je me suis dit que j’étais en terrain connu puisque j’avais eu l’occasion de parler des deux cousins qui commandèrent la place de Paris. Même si Hans, l’ami venu en visite, laisse trop rapidement deviner son rôle dans un réseau antinazi, on avance vite dans le récit qui bascule bientôt du côté de Kiev. L’évocation du massacre de Babi Yar, avouons-le, laisse un sentiment étrange. C’est, en fait, sauf à être, au moins, un Jonathan Littell, un sujet auquel il vaut mieux ne pas toucher. L’auteur évoque aussi la terrible affaire de Bjelaja Zerkow où un groupe de quatre-vingt-dix enfants juifs est enfermé sans nourriture et sans eau dans un baraquement parce qu’on a oublié de les massacrer avec leurs parents. Et c’est pour dire que les pasteurs de l’armée signalent le fait pour des raisons d’hygiène. On se reportera aux éléments que j’ai donnés à propos d’Helmuth Groscurth (et aux importants documents publiés sur la question) pour vérifier que la tentative pour venir en aide aux enfants avait bien d’autres motivations et que, si elle a dû se travestir de quelques arguments stratégiques, c’est bien d’humanité qu’il était question, de la part des soldats, des aumôniers et de l’officier concernés.
J’aurais aimé parler de cela avec Nella Bielski, mais j’ai vite compris que, si elle s’était appuyée sur une abondante documentation (« dix ans de travail »), elle entendait surtout évoquer les éloges qui lui avaient été décernés ici et là, et ceux qu’elle se décernait elle-même. Un dialogue n’était guère possible et là où j’espérais trouver d’invisibles liens courant d’un livre à l’autre comme je l’ai déjà souvent relevé, je n’ai pu partager que les excellentes petites quiches préparées par la bibliothèque qui recevait à l’heure du déjeuner.
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