Il n'y a pas que les archives de mon père à trier et classer. Une petite recherche dans mes tiroirs m'a remis en mémoire un temps heureux. De 1962 à 1967, j'ai eu la chance de disposer de temps libre et , assez souvent, d'un Rolleiflex, excellent appareil photo, cadeau de mon père à ma mère. J'ai aussi eu la chance de vivre dans un monde où personne n'avait entendu parler de "droit à l'image"; tous se laissaient photographier sans problème par l'adolescent qu'ils connaissaient depuis si longtemps.
Cependant, aujourd'hui, j'hésite à utiliser certaines de ces photographies, ignorant pour certaines ce que sont devenus les héritiers de tel ou telle. J'y pensais hier encore en découvrant dans un petit guide pour l'été publié par un grand heddomadaire qui recommandait le restaurant "chez Charlemagne" sur le port de l'Île aux Moines. Qui sait encore que l'ancienne propriétaire, disparue au tournant des années 1970, portait ce pseudonyme parce que, à l'école primaire, sa mère l'avait affublée d'un col qui ressemblait à celui que portait l'Empereur des Francs dans le livre d'histoire ? Je pense avoir la seule photographie de cette Charlemagne, en coiffe, devant la porte de son café - c'est la mention délavée qui figure au-dessus de la porte. Jusqu'ici, je n'ai pas osé la publier.
Mais je suis plus tranquille du côté de ceux dont j'ai, depuis longtemps, publié des portraits. Je ne résiste d'ailleurs pas au plaisir de reproduire ici celle que je préfère : Mathurin Le Tribroche avec son chien et son chat, dernier agriculteur installé en plein bourg. Pouvoir des mots, pouvoir des images. Le passé est là, sous une fine pellicule de poussière. Il suffit de souffler dessus, ouvrir une boîte, tourner une page pour qu'il se révèle et nous révèle à nous-mêmes.
Cependant, aujourd'hui, j'hésite à utiliser certaines de ces photographies, ignorant pour certaines ce que sont devenus les héritiers de tel ou telle. J'y pensais hier encore en découvrant dans un petit guide pour l'été publié par un grand heddomadaire qui recommandait le restaurant "chez Charlemagne" sur le port de l'Île aux Moines. Qui sait encore que l'ancienne propriétaire, disparue au tournant des années 1970, portait ce pseudonyme parce que, à l'école primaire, sa mère l'avait affublée d'un col qui ressemblait à celui que portait l'Empereur des Francs dans le livre d'histoire ? Je pense avoir la seule photographie de cette Charlemagne, en coiffe, devant la porte de son café - c'est la mention délavée qui figure au-dessus de la porte. Jusqu'ici, je n'ai pas osé la publier.
Mais je suis plus tranquille du côté de ceux dont j'ai, depuis longtemps, publié des portraits. Je ne résiste d'ailleurs pas au plaisir de reproduire ici celle que je préfère : Mathurin Le Tribroche avec son chien et son chat, dernier agriculteur installé en plein bourg. Pouvoir des mots, pouvoir des images. Le passé est là, sous une fine pellicule de poussière. Il suffit de souffler dessus, ouvrir une boîte, tourner une page pour qu'il se révèle et nous révèle à nous-mêmes.
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