Il ne fait aucun doute que le pasteur César de Beaulieu a fréquenté cette partie du château de Quintin qui était alors toute récente puisque sa construction a commencé en 1645. Il était le pasteur attitré de la petite paroisse rassemblée autour de d’Henriette de La Tour d’Auvergne, marquise de La Moussaye et baronne de Quintin.
L’arrière grand-père de César, procureur au parlement, était le seigneur de Néraunay, château qu’il avait bâti dans la paroisse d’Ercé-Liffré. Ce château appartenait au frère de César, Jean de Beaulieu après avoir été celui de son oncle, Jacques de Beaulieu, procureur fiscal du château du Bordage (le plus important d’Ercé). Il ne reste pratiquement rien du bâtiment du XVIe siècle, si ce n’est la grande cheminée.
Mais l’origine probable de la lignée se trouve très probablement dans une autre paroisse près de Rennes, à Vezin-le-Coquet où se situait le château disparu de La Rouzays (ou Rozays) dont les de Beaulieu étaient propriétaires en 1400, 1427 (Jean de Beaulieu) et en 1466, avant de passer, au plus tard en 1513 à la famille Botherel. Les seigneurs de La Rouzays participent aux montres de 1427 et 1440. On note, outre les deux connétables nommés par Anne de Bretagne en 1496 et 1498, un Nicolas de Beaulieu, curé à Vezin-Le-Coquet, mort en 1407.
Ce sont ces « de Beaulieu, seigneurs de La Rouzays, paroisse de Vezin » qui avaient des armes « d’azur à neuf besants d’or, 3, 3, 3, un lion d’argent brochant ». Comme le prénom de Charles serait devenu Chales lors de l’arrivée de mon ancêtre en Prusse orientale au début du XVIIIe siècle, ses armes – figurées sur sa chevalière - auraient-elles perdu leurs besants ? Les besants sont des ronds figurant des monnaies frappées à Byzance et pouvant évoquer une participation aux croisades.
On peut imaginer la vie de ces petits nobles de la campagne rennaise en lisant les œuvres de Noël du Fail, seigneur de La Hérissaye en Pleumeleuc, né vers 1520 dans le manoir familial de Château-Letard à Saint-Erblon et mort en 1591 à Rennes. L’auteur des Balivernes d’Eutrapel et des Propos rustiques évoque bien une certaine douceur de vivre dans un monde rural paisible et soumis. Il ne faut cependant pas oublier qu’en 1562, Jacques de Beaulieu, qui avait été l’un des fondateurs d’une des premières paroisses protestantes de Bretagne, a été déterré et trainé dans les rues de Rennes puis jeté sur un tas d’ordure à la sortie de la ville en raison de ses convictions religieuses.
Toute histoire familiale croise l’histoire tout court. L’erreur est de croire que nous serions la première génération qui échapperait miraculeusement à ses soubresauts alors que tout annonce des séismes.
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