La majorité des lecteurs de ce blog attendent sans doute que j’y apporte
plus d’éléments sur le destin particulier d’un Allemand antinazi et les
questions plus générales que cela soulève, bref des informations et un peu de réflexion parfois. Quelques autres lisent plutôt les
pages consacrées à l’Île aux Moines où il a passé un bon tiers de sa vie. Mais
pour tenir un rythme honnête de publication il faut, vous vous en doutez, des
documents et du temps. Or, les premiers dépendent aussi du second car faute de
temps pour partir à la recherche d’un traducteur, je reste en panne de
matériaux, même s’ils occupent désormais une place considérable dans mon
bureau.
Amené d’une certaine façon à tourner, pour mon compte, la page de l’Île aux
Moines, je n’ai rien trouvé de mieux que de remplacer une maison où soufflait
un certain esprit contre une demeure qui s’est imposée à moi parce que j'y retrouvais aussi cet esprit qui fait que des lieux vous habitent autant que vous les habitez Et, puisque je suis là avant tout pour vous parler de mon père, je
constate que s’il m’a sans doute transmis le goût des vieilles pierres, il n’avait
lui-même que peu d’attention à l’esprit des maisons, à la beauté des lieux.
Quelles qu’elles soient, il les investissait pour leur donner son esprit. Il n’hésitait
d’ailleurs pas à obstruer portes et fenêtres avec ses livres et sans les freins
qui lui étaient mis, il aurait sans doute rendu ses maisons proprement inhabitables.
Il semble en fait n’avoir jamais eu besoin de plus que la petite sacristie qu’il
avait investie, rue Blanche, à Paris, en 1946. La seule condition était qu’hormis
un lit pouvant servir le jour durant à étaler des documents et d’une table
pouvant accueillir une machine à écrire, il ne demandait que des annexes
extensibles pour y entreposer ses livres et papiers.
Mes parents ont vécu et m’ont fait vivre dans la nostalgie de leurs paradis
perdus. Le 7 Parkstrasse à Brême et le Pré des Rois à la Ferté-Saint-Aubin. Le
second appartient à mes souvenirs d’enfance et la maison s’ouvrant sur une
prairie entourée d’arbres n’est sans doute pas étrangère à ce qui m’a touché
dans la maison qui désormais me vole le temps que je devrais consacrer à ce
blog ! C’est que, incorrigible optimiste, je reste persuadé qu’au-delà des
paradis perdus, il y a les nouveaux paradis où joueront des enfants. On me pardonnera, j’espère, de parfois
leur donner la priorité sur les paradis et les enfers d’hier.
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