Mon grand-oncle maternel, le capitaine Charles RIGAULT est né en 1881. Il avait fait l’école de Saint-Cyr, avait été lieutenant commandant la 1ère section de mitrailleuses du 147è RI, puis commandant de la 7è Cie en septembre 1914. Il est mort le 13 octobre 1914 des suites de des blessures dans l’ambulance N°2, à Sainte-Menehould.
Il a laissé des carnets de guerre transcrits par son fils Jean RIGAULT et parus dans la revue Horizons d'Argonne, puis, pour une part sur le blog du 147e RI.
En voici quelques extraits :
9 septembre 1914 : « La soupe est faite à 500 m du bivouac. Nos cuisiniers n'ont pas trouvé le bivouac avant 3 h du matin. A 4h 30, nos hommes n'avaient pas encore tous mangé. Je fais faire la distribution à l'entrée du bois, dans lequel je vois passer un Prussien sans doute. A 5 h, j'aperçois l'uniforme à gauche de la lisière d'un bois. Je fais placer ma section face à ce bois. A 6 h, je fais fuir le uhlan : pour l'abattre, tir sur le bois indiqué. A 9 h, je suis encore là. Et encore à 15 h. Nous ne semblons pas avoir grand ennemi devant nous, mais toujours des batteries de son artillerie lourde. (…) Pendant ce temps, nos bouchers vont chercher un veau et des cochons à la ferme ! On s'approvisionne comme on peut ! Hier, c'était des poules dans la ferme qui brûlait. Mais adieu veau, vache, couvée. Le veau est tombé à 200 m de l'ennemi et nos hommes n'osent pas aller le chercher. Après une petite alerte, la 8è criant avoir vu des Allemands sortir de leurs tranchées, nous dormons jusqu'à 17 h, cependant que les malheureux cuisiniers font la popote à 1 km en arrière et la rapportent à 2 h du matin au milieu de la pluie qui tombe. (…)
19 septembre : « Mais on nous réveille à 4h 30 pour assister à 5h 30 à la triste exécution d'un homme qui n'a pas suivi sa section au feu. On attend une heure sous la pluie cette exécution impressionnante et lamentable : l'homme crie qu'il ne veut pas mourir ; il tombe à la première décharge et le bataillon défile devant ce malheureux, l'arme sur l'épaule. Après l'exécution, nous restons au repos dans le bois près d'un bon feu et sous la toile de tente allemande. »
Mon grand-oncle paternel, le capitaine Richard OELRICHS est né le 31 août 1883. Il est mort le mardi 17 août 1915 près de Novo-Georgiewsk, une place-forte russe au nord-ouest de Varsovie. Novo-Georgievsk était complètement encerclée le 10 août. Le bombardement a commencé quelques jours plus tard. Mon oncle a été tué lors d’une attaque repoussée par les Russes. C’est le dernier cas d’une forteresse défendue comme un château-fort du Moyen-âge. Les Allemands l’emportent finalement. La photographie ci-contre a été prise peu après la victoire et montre des Russes tués par une frappe directe comme l’indique la légende : « Erinnerung an die Festung von Nowo Georgiewsk. Durch getötet Volltreffer Russen. »
Mon père m’a raconté que pendant des années, mon arrière-grand-mère, Henriette Oelrichs (1851-1933), arpentait les couloirs de sa maison de Brême en répétant « Mon Richard, mon Richard ».
Bonjour,
Je vous présente mes meilleurs voeux pour l'année 2010.
Je vous remercie du lien pointant vers le blog du 147è RI, régiment où servit votre grand oncle maternel Charles RIGAULT.
M'autoriseriez-vous à faire figurer son portrait parmi l'un des albums du blog du 147è RI ?
Bravo pour votre blog très riche et bien illustré. Il est très agréable à parcourir.
Cordialement,
C. Lagrange
Rédigé par : C. Lagrange | 03 janvier 2010 à 12:12