Quand on a fini de vider un énorme tiroir plein de papiers déposés en vrac, on y jette un dernier coup d'œil pour voir si l'on n'a rien oublié. C'est alors qu'on trouve un petit bout de carton de 5,6 cm sur 3 cm qui, à l'examen, se révèle être un ticket de train oblitéré le 12 août 1949 à Brême. Il aura donc attendu plus de soixante ans pour revenir au grand jour et me voilà bien embarrassé devant tant d'énergie vitale. Je crois qu'il correspond au voyage fait par mon père pour régler une partie de la succession de sa mère. Comment se fait-il qu'il ait été conservé ? Si je suis incapable de répondre à cette question, de quel droit le jetterais-je à la corbeille ? Ne ferait-il pas une belle couverture pour un livre qui raconterais le si difficile retour à Brême, les ruines, les partages avec la sœur, les discussions avec le vieil oncle ? N'est-ce pas le concentré de mémoire le plus réussi qui soit ? En le livrant à hasards du cyberespaces, j'apaise une peu ma conscience en lui donnant une nouvelle chance de trouver d'autres raisons d'être.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.