Le 13 janvier 2011, le père Édouard Divry, professeur d’histoire ecclésiastique au grand séminaire de Bayonne, a publié sur le site Liberté Politique un article sur le pape Pie XII intitulé Évolution critique sur les silences de Pie XII. Il y écrit :
« (…) Après la mise à exécution de la « solution finale » décidée lors de conférence secrète nazie de Wannsee en janvier 42, le drame s’accentue. Le radiomessage de Noël 1942 de Pie XII dénonce une deuxième fois la persécution d’innocents pour seule raison « de leur nation ou de leur race », texte sans éclat mais sans équivoque désignant à la fois les juifs, les Tziganes et les Slaves.
Le sergent François de Beaulieu, alsacien, futur pasteur à Paris, radiotélégraphiste au quartier général de la Wehrmacht à Zossen près de Berlin en est la preuve. Il subit une fouille de routine, le 11 février 43 : Beaulieu possède dans ses papiers une copie du message de Noël 42 de Pie XII ! Le sergent avait reçu l’ordre de le détruire, non pas de le propager. Beaulieu évite la condamnation à mort, mais est expédié sur le front russe. S’il échappe aux balles ennemies, il est rejoint par une commission disciplinaire qui le retrouve et décide de l’envoyer chez les SS. Sa faute : avoir tenté de diffuser le message de Noël 42 alors que selon le tribunal « ses chefs [...] avaient des raisons graves de décider que ce message devait être tenu secret ». (…) »
J’ai donc dû faire la mise au point suivante (qui a été publiée sans susciter de réponse à ce jour) :
Comme d’autres avant-vous, vous citez le témoignage de mon père François de Beaulieu (1913-2007) à propos du message de Noël 1942. Vous ne citez pas vos sources et trois points doivent être précisés. D’une part, vous dites qu’il était Alsacien, ce qui est faux. Il est né à Brême, d’un père et d’une mère allemands. Son nom français lui vient d’un ancêtre établi à Dantzig au début du 18e siècle. D’autre part, mais c’est secondaire, vous énoncez une contre-vérité en écrivant « il est rejoint par une commission disciplinaire qui le retrouve et décide de l’envoyer chez les SS. » Étrange punition que de verser un opposant dans le corps d’élite des nazis ! La vérité est que mon père n’a été jugé et condamné qu’une fois par un tribunal militaire en avril 1943 et que, sa peine ayant été purgée, il a été intégré comme radio-télégraphiste dans la Wehrmacht, puis, en août 1944 dans un régiment SS qui manquait à ce point d’hommes qu’elle récupérait même un pacifiste condamné, entre autres, pour avoir été attiré spirituellement vers des milieux enjuivés et pour corruption du moral de l’armée . Comme radio-télégraphiste, il n’était pas armé et n’était pas en première ligne lorsqu’il fut engagé dans la bataille des Ardennes puis sur le front en Autriche. Il déserta le 7 mai 1945 et fut fait prisonnier par les Américains.
Enfin et surtout, on voit dans ce qui est arrivé à mon père que les nazis avaient les moyens d’éviter la diffusion d’un message du Pape et que si ce dernier avait vraiment voulu être entendu, il aurait dû multiplier les interventions pour réveiller les consciences et informer ses contemporains.
J’ai donné toutes les précisions dans le livre Mon père, Hitler et moi (éditions Ouest-France, 2008) et dans le blog qui le prolonge (http://blogauteur.typepad.fr/francoisdebeaulieu/).
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