Ne cherchez plus ! Retrouvez désormais le blog de Mon père, Hitler et moi sur le nouveau site que j'ai créé ici.
Vous pourrez même y trouver, en feuilleton, le texte du livre, revu et augmenté, à télécharger gratuitement.
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Les lecteurs attentifs et fidèles de l'édition française de Hitler, mon père et moi pourront imprimer les lignes qui suivent et, d'une manière ou d'une autre, les ajouter aux pages concernées. Ils auront ainsi une édition revue et corrigée conforme à l'édition en langue allemande qui se prépare. Les pages de ce blog n'en restent pas moins un complément détaillé sur bien des points importants ou secondaires.
Ajouter entre la page 30 et la page 31 :
Secrets de famille
Á partir de quand un secret de famille peut-il, doit-il être révélé ? Á qui doit-il être révélé ? A-t-il pesé et pèse-t-il encore sur ceux qui l’ignoraient mais, d’une certaine façon, en avaient une connaissance intuitive en raison du « trou noir » modifiant la structure même du réel ? Sa révélation peut-elle créer un préjudice à certains ? Voilà les questions qu’il est sans doute bon de se poser avant de prendre la décision d’éclairer un pan du passé, proche ou lointain.
Même si le récit que je vais faire nous ramènera en 1904, je ne donnerai pas tous les noms – inutiles ici. Je vous propose simplement d’entrer dans ce qui pourrait être l’ébauche d’une nouvelle de Stefan Zweig.
C’est sans doute en explorant les papiers laissés par son père (mort sur le front en 1914, je le rappelle) que mon père a découvert en septembre 1932 (il n’avait donc que 19 ans) un étrange accord passé devant notaire le 24 septembre 1910. Il apparaissait que mon grand-père, jeune officier en garnison à Altenburg, était tombé amoureux de Marie H. Il est apparu plus tard qu’il avait même envisagé de l’épouser mais avait été repoussé par la famille qui le trouvait par trop désargenté. Or, Marie H. avait donné le jour le 6 novembre 1904 à un garçon prénommé Franz Bodo.
Par l’accord passé devant notaire, mon grand-père s’engageait à verser, pour solde de tout compte, 2000 Marks pour Marie H., à Monsieur H., son père. C’était une somme importante puisque, dans ces années là, le salaire mensuel moyen d’un ouvrier rhénan était de 125 marks.
Il est fort probable que ma grand-mère n’a jamais été mise au courant. Mais on juge de l’imprudence de mon grand-père qui partait à la guerre en laissant chez lui une bombe à retardement. On notera que, même si la mèche en est aujourd’hui bien mouillée, mon père n’a rien fait pour l’enterrer définitivement. Bien au contraire.
Non seulement mon père a conservé l’acte de 1911, mais aussi de nombreux autres documents. Je dispose ainsi du double de la lettre initiale expédiée le 7 septembre 1932 par mon père. Fort habilement, il écrivait simplement, sans préciser son âge : « Dans les papiers de mon père décédé à la guerre, j’ai trouvé des éléments de l’époque où il vivait à Altenburg. Je vous serais très reconnaissant si vous pouviez m’aider à trouver une réponse à la question que j’ai vainement posée aux services de l’état-civil. Je prendrai naturellement en charge tous les frais que vous pourriez avoir. » La pièce jointe concernait la recherche l’adresse de son demi-frère dont il donnait la date de naissance. La réponse du notaire, datée 14 septembre 1932, confirme l’existence de son demi-frère mais lui conseille de ne pas poursuivre ses recherches car celui-ci « est devenu conseiller fiscal dans une petite ville et est fiancé à une jeune fille de bonne famille ». Il y a aussi la copie de la réponse que fait mon père pour remercier et rassurer le notaire sur ses intentions. Mais il y a plus.
Deux lettres de mon père, écrites en 1967, montrent qu’il n’a jamais renoncé à sa volonté d’en savoir plus. Il est visiblement décidé à reprendre contact Maria H. qui vit en Allemagne de l’Est. Visiblement, il dispose de l’adresse d’une voisine et il s’inquiète de savoir s’il peut, avec l’aide de sa sœur Gisela qu’il a donc mise au courant, l’aider. Il dit être certain qu’elle a été le premier amour de son père. Il dit aussi souhaiter trouver une photographie de son père en 1904.
Une enveloppe reçue peu après porte au dos l’adresse de Maria H. et une réponse rédigée par l’amie indiquant que leurs besoins sont modestes. Mon père a rajouté à la main sur l’enveloppe l’adresse de l’amie et voisine de Marie H. ainsi que le nom de son demi-frère, sa date de naissance et celle de son décès, à Bamberg, en 1954.
Enfin, il y a une copie d’une photographie de mon grand-père, prise à Altenburg, avec recopiée au dos, par une main féminine, les deux lignes que portait l’original : « Für Marie H. zur Errinnerug von Ihrem F.v.B. 24.12.04. » Pour Marie H. en souvenir de F.v.B. 24.12.04.
Dans les courriers qui suivent, Marie Hey raconte directement ou fait raconter par son amie qu’il s’est bien agi d’une « vraie et grande histoire d’amour ». Le père de Marie Hey était issu d’une famille de paysans mais il était devenu typographe, un métier très qualifié qui lui avait permis d’acheter des terres et deux maisons. Il avait un garçon (mort à la guerre en 1914) et une fille, très jolie et très demandée mais très sérieuse. Elle aurait pu devenir une grande patineuse sur glace et ne fréquentait que les meilleures écoles et les gens riches. Quand son père a appris qu’elle était enceinte d’un jeune sous-officier, il est devenu fou de rage a interdit tout mariage et a tout fait avec des médecins pour qu’elle n’ait pas cet enfant. Mais elle a résisté et décidé de l’élever seule « comme si son père était mort dans un accident ». Mon grand-père est allé deux fois à Altenburg pour voir l’enfant. Il a dit à Marie Hey que si elle ne pouvait pas rendre possible un mariage avec lui, il serait obligé de penser à une autre union. Il a toujours espéré mais elle n’a jamais répondu. C’est sans doute pourquoi, quand il a vu la possibilité d’épouser ma grand-mère sept ans plus tard, il se résigne à faire un accord notarié et à verser 2000 euros à la famille pour éviter tout risque de révélation. Il est très possible que Marie Hey n’ait pas voulu complètement désobéir à son père, choisissant d’assumer son enfant mais renonçant au mariage. Ce qui est certain, c’est que « malgré des demandes nombreuses », elle n’a jamais souhaité se marier, conservant précieusement les photographies de son amant et élevant son fils de son mieux, allant jusqu’à hypothéquer son héritage pour lui payer des études universitaires. Elle ne lui cacha pas son origine et Franz Bodo disait « Le soir, quand je me couche, je me dis que je peux être fier de moi et je veux que mon père soit fier de moi. »
Ainsi donc, soixante-trois ans après sa rencontre avec mon grand-père, Marie Hey pouvait renouer un lien par-delà les générations. Comment ne pas mettre en parallèle la destinée des deux femmes qui ont aimé mon grand-père et qu’il a aimées : toutes deux ont considéré qu’après lui, il n’y aurait pas d’autre homme dans leur vie.
Page 39, 5e ligne,
remplacer 1923 par 1920.
Page 42, 2e §, après kilogramme ajouter ce § :
Dans le cahier de souvenirs qu’il a terminé en janvier 1935, mon père décrivait ainsi la terrible période qui suivit la guerre : « je mangeais à l’école où il fallait faire la queue et se battre pour avoir du pain blanc américain. (…) En 1924, ma mère travaillait chez Monsieur Kellner, le père d’un de mes meilleurs amis qui l’avait aussi embauchée car il se sentait coupable de ne pas avoir fait la guerre. Ma sœur et moi avons été alors beaucoup livrés à nous-mêmes. Le soir, ma grand-mère nous lisait l’histoire de la famille Pfaffling de Agnes Sapper et c’était parfois tellement triste qu’elle n’arrivait pas à finir. En décembre 1922, je suis allé en Suisse pour la première fois et ce fut très dur de me séparer de mon chat. Mon grand-père est mort pendant ce temps-là. C’était une époque bizarre, peine de surprises et de nouveautés avec la crise économique et financière. Même si je n’avais pas dix ans, cela a beaucoup influencé mon égoïsme matériel et financier. (…). J’ai passé un de mes meilleurs moments en Suisse car tout était alors très dur en Allemagne (on recevait des colis, j’ai même été obligé de donner notre chat). Je me suis senti comme un petit prince. »
Page 47, 2e §, remplacer : « Il a vainement tenté après guerre de retrouver la trace de Savinski et Lévy. » par :
Comme le prouve la réponse - négative - qu'il a reçue de l'organisation "Jüdische Gemeinde" (Regensburg), mon père cherchait encore son ami Swinitzky, en 1971.
Page 47 dernier §, après « de la maison familiale, provoqua un incendie maîtrisé de justesse. », ajouter :
Celui lui coûta l’héritage de 3 000 DM laissé par sa tante Betty.
p. 49 à la fin du 1er §, après « supérieures », ajouter :
Dans les « souvenirs » qu’il rédige entre le 31 décembre 1934 et le 4 janvier 1935, mon père donne une autre version de l’histoire. En fait, d’année en année, le cercle de ses amis d’enfance s’était réduit au fil des redoublements et des déménagements. Il arrive même un moment, en 1929 où la classe était devenue si petite qu’il ne pouvait plus tricher lors des contrôles ! Mis au premier rang, il n’hésite pas à obtenir un certificat médical à propos de sa vue pour justifier un déplacement en fond de classe. Mais le professeur est inflexible et particulièrement sévère. « Désespéré, j’ai réussi à entrer chez Melchers », avoue-t-il en conclusion.
Page 51, ajouter après le 1er § :
Plusieurs pages du récit fait par mon père en 1935 évoquent sa vie de jeune apprenti et la grande curiosité qui est la sienne à l’époque : il assiste à de multiples conférences et précise même que, certains soirs, il allait à deux ou trois réunions. Si les sujets religieux et philosophiques prédominent on peut aussi y trouver des mouvements de jeunesse à tendance nationaliste tels que les scouts coloniaux, le mouvement païen de Ludendorff ou franchement pacifistes. Le 14 mai 1932, il va même écouter Hitler et Himmler au Casino central mais ne fait aucun commentaire particulier. Il suit les campagnes politiques, va au théâtre et au cinéma mais sa conclusion est amère : « Cette liste de réunions n’est qu’un résumé pour montrer à quel point je cherchais partout. Mais je n’ai jamais trouvé même si des fois je l’ai cru et souvent c’est vraiment un hasard si je ne me suis pas inscrit à tel ou tel mouvement. Je cherchais à m’évader de mes journées. Je cherchais aussi un équilibre et ne pas être seul le samedi soir. Cela me brisait le cœur de voir les groupes de randonneurs que je ne pouvais pas accompagner pour le week-end à cause de mon métier. » Pendant des vacances, il va même se lier d’amitié avec un nommé Quast, partisan des Jeunesses hitlériennes (créées en 1922) dont ils visitent un campement. Il est même complice d’un vol de drapeau allemand qui vaudra des poursuites à deux des auteurs. Il passe donc tout près du pire.
Page 59, dernier §, remplacer « Aussi fin soit le lien, il ne renonce jamais à voir un parent : il se présentera donc chez le colonel Louis Meinertzhagen (1887-1941) » par :
Aussi fin soit le lien, il ne renonce jamais à voir un parent : il se présentera donc chez le colonel Richard Meinertzhagen (1878-1967)
Page 62, après le 2e §, ajouter :
En fait de tour de Bretagne en vélo, mon père avait calé dès la côte de Saint-Cloud comme me l’a révélé Raymond Cauchetier. Quoique plus âgé, il était nettement moins bien entraîné que Raymond Cauchetier. Ce dernier lui a donc gentiment proposé de prendre un train à la gare Montparnasse et qu'ils se rejoignent directement en Bretagne afin de lui éviter les premières étapes qui faisaient près de 200 kilomètres.
Page 67 3e ligne, remplacer « dans le château de Rosambo, à Lanvellec, près de Lannion. Un de ses cousins britannique lui a communiqué l’adresse et il arrivé sans crier gare au beau milieu d’un repas de famille. Il avait encore un peu honte, cinquante ans plus tard, de son sans-gêne et de ses guenilles de cyclo-randonneur. » par :
chez le comte de Laigue au château de Bahurel, près de Redon. Le comte l’accueille très cordialement et lui conseille d’aller à Vendôme où résidait la branche principale des Boisfleury dont, effectivement, une grand-mère se nommait de Beaulieu (il s'avéra, plus tard, qu'elle n'avait aucun lien possible avec nous). Mon père partit donc alors pour Vendôme mais la doyenne reçut alors fort mal cet Allemand déguenillé. Seuls ses petits enfants, désolés, qui avaient à peu près l'âge de mon père, le reconduisirent à la grille du château. En 1979, mon père retrouva l'un d'eux, Jacques de Boisfleury, à la sortie d'un des cultes qu'il assurait à Vannes et qui commença par lui demander s'il connaissait un certain Herbert de Beaulieu qu'il avait croisé en 1937 !
Page 82, après « 1922. »
Elle a publié en 1994 des mémoires dans la revue We shall forget : memories of the holocaust sous le titre « Mischling first degree ».
Page 83 ligne 7 : remplacer « 2004 » par « 2003, peu avant son décès »
Page 83, ajouter dans le dernier § après nourriture :
Dans son usine, Eva a même réussit à convaincre un de ses collègue, un « nazi idéaliste » de fournir des tickets pour Ruth, il avait été ému par le sort fatal des membres juifs de la famille d’Eva qui étaient restés en Allemagne disant qu’Hitler ignorait sûrement tout cela. Dans ses mémoire, Eva dira que petit à petit il était devenu son ami et revenu à la « décence humaine » comme beaucoup de gens qui l’avaient aidée par simple « décence ordinaire » (les termes mêmes employés par George Orwell et qui m’ont toujours semblé parfaitement exprimer ce qui, mieux que tout acte héroïque, peut encore donner de l’espoir dans l'humanité).
Page 88, au milieu, après « le commandant Sell », ajouter :
Et dont, peut-être, la sœur a été une de ses « amoureuses »
Ajouter page 98 avant-dernière ligne après « mentaux » et supprimer « des lettres d’une juive, Madame Brandis, détenue à Theresienstadt, un témoignage sur l’extermination des Juifs en Ukraine et en Lituanie et des »
ainsi que des lettres de Gertrud Brandt, une juive berlinoise, décrivant ses conditions de déportation à Ostrow Lubelski. Un historien américain, Mark Roseman pense que ces lettres étaient diffusées au sein d'un groupe peu connu de la résistance, le Bund. Gemeinschaft für sozialistisches Leben ; c’est l'une des membres du groupe, Lisa Jacob, qui correspondit avec Gertrud Brandt jusqu’à l’assassinat de cette dernière en 1942. Mon père détenait aussi des lettres d’un peintre nommé von Volckamer adressées à son épouse avant sa mort au front le 10 février 1943. Ces lettres donnaient de terribles détails détails horribles sur l’exécution d’un groupe important de Juifs par un Sonderkommando. Il a aussi des
Page 104 ajouter en haut de la page et illustrer avec les photos
C’est en 1974 que mon père a retrouvé la trace de Stephan Troendle (1903-1997). Il avait alors 71 ans et vivait à Lörrach, dans Bade-Wûrtemberg, la partie la plus au sud-ouest de l’Allemagne. Cet homme avait été lieutenant de 1ère classe dans le bataillon de punition où mon père avait été versé après sa condamnation son passage par la prison. Stephan Troëndle avait plusieurs bonnes raisons de ne pas avoir oublié mon père. Comme le monde est très petit, il se trouvait que le mari de sa sœur, le lieutenant Höner, était mort dans un hôpital en 1914 alors qu’il était sous les ordres du capitaine de Beaulieu (mon grand-père). Il s’en était tout de suite souvenu quand il avait vu le nom de mon père dans la liste du bataillon de punition du FSA 10. De plus, il avait été très étonné de la présence dans le bataillon d’un homme condamné pour des actes d’opposition très concrets, à la fois parce que c’était la première fois que cela arrivait et d’autre part parce qu’il croyait que la diffusion de texte interdits était normalement punie beaucoup plus sévèrement. Il ne s’expliquait pas la clémence du tribunal. C'est Stephan Troendle qui a pris en juillet 1944 les photographies du front d’Ukraine. Elles témoignent d'un regard très particulier puisqu’il tente de saisir aussi bien le quotidien du groupe que celui des civils qu'il est amené à croiser. Stephan Troendle aidera mon père à être réhabilité. Non seulement il rédige une attestation mais il prend contact avec d’ancien gradés qui, un temps au moins, ont encadré le bataillon de punition. Mais il note que l’un d’eux essaie surtout de ne pas réagir car il a peur d’être poursuivi à cause « d’histoires avec des Juifs ». Pendant plus de 20 ans Stephan Troendle échangera encore des courriers avec mon père, suivant pas à pas les étapes de ses démarches pour obtenir justice. Il rédigera une nouvelle attestation en 1996, ce qui fera dire à mon père que personne ne voudrait croire que quelqu’un » qui a 93 ans est prêt à aider quelqu’un qui en a 83 ! »
Page 105 avant-dernière ligne. Supprimer « la 6e Panzer Armee. Il est surtout vrai que pour recomposer ses régiments, l’Allemagne est disposée à prendre n’importe qui. » et remplacer par :
la 6e SS Panzer Armee sous les ordres de Sep Dietrich.
Le 27 août 1944, mon père écrit à son amie Käte Raviel une longue lettre qui sera conservée par cette dernière avec les quatre-vingt-neuf autres expédiées entre le 7 novembre 1940 et le 26 décembre 1944 (mon père écrira d’ailleurs à Käte jusqu’au décès de celle-ci en 1999). Comme souvent, il la remercie pour un paquet où il a même trouvé une montre. Il semble indiquer, au passage, qu’il est cantonné près de Breslau. Il note alors : « Je t’aurais écrit plus tôt mais, avec ma compagnie, nous avons été versés dans la SS. Tu vois quelle destinée pour moi qui vais vraiment tout connaître ! Je suis content d’avoir pu rester avec de bons camarades. »
Mon père m’avait parlé de cette incorporation « malgré lui » plusieurs années avant sa mort et ce n’était pas un secret à ses yeux. Il évoque d’ailleurs ce fait dans plusieurs lettres à des correspondants et il avait précieusement gardé sa photographie d’identité de soldat en uniforme marqué du sigle de la SS sur le col. Pour lui, c’est une étape dans les malheurs qui se sont abattus sur lui et un bel argument contre ceux qui défendent l’idée d’un corps d’élite. Beau corps d’élite que cette branche militaire de la SS où l'on incorpore un repris de justice militaire fréquentant « des milieux enjuivés » !
Mon père est sans illusions d’ailleurs sur la SS puisque le 22 mars 1944, il a écrit à son amie Käte qu’il s’est trouvé de garde avec des SS « qui sont censés changer la situation ici » et qu’il a discuté avec eux. « Ils sont tous très jeunes et mesurent tous 1,78 mètre. Ils m’ont beaucoup parlé du camp de Matzau près de Dantzig où l’on arrive après avoir été puni. La SS a des manières très spécifiques de traiter l’ennemi et ils sont condamnés s’ils ne le font pas. »
124 ligne 10 : 1871 (et non 1971)
125 avant dernière ligne : Guéret (et non Agen)
126 ligne 13 : se sauvaient (et non se moquaient)
126 ligne 18 : Bible (et non Evangile)
126 bas de la page : sergent (et non caporal)
126 bas de la page : Orsay (et non Austerlitz)
130 fin du 1er § : Val de Loire (et non Berry)
130 2e § 6e ligne : 28 rue Marcel Royer (et non rue Royer-Collard)
Rédigé à 08:45 dans Auteur | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
C’est donc le 4 janvier 1935 que mon père a achevé la rédaction de ses souvenirs d’enfance et de jeunesse. Il allait avoir 22 ans. Il s’appuie de toute évidence sur une sorte de journal où il a déjà noté des dates et des faits ce qui donne une bonne précision chronologique à son témoignage. De page en page, je le découvre égal à lui-même : capable de passer du coq à l’âne sans aucun problème. Et si ce n’était que du coq à l’âne… bien souvent, c’est du coq à la machine à coudre ou de l’âne au marchand de bonbons. Même si je n’en avais jamais douté, il apporte mille preuves supplémentaires à l’idée que l’on ne se refait pas. Ainsi, il avoue déjà sa passion des vieux journaux (il va même piller un grenier à l’abandon en passant par les toits) et un goût prononcé pour la construction des cabanes. Pour qui l’a connu pendant ses longues années de retraite à l’Île aux Moines sait le temps qu’il a passé à récupérer les revues dans les poubelles et à construire des cabanes qui finissaient par ne tenir qu’en raison de l’accumulation d’objets qui les remplissaient. Au-delà, se dessinent petit à petit les éléments d’une formation, sans que pour l’heure, le mystère de son engagement ultérieur soit éclairci.
Le cahier commence par une description de Brême dont « l’histoire est si importante » pour les habitants : « L’hôtel de ville est le symbole de la ville et de la liberté ». C’est là qu’il a passé « la plus belle partie » de sa vie, une enfance heureuse parce qu’une enfance « protégée ».Toutefois, sa grande sœur n'apparait que deux ou trois fois, beaucoup moins que ses amis, et en particulier pour se plaindre, lorsqu'il a 13 ans, de ce que leur mère « la préfère »...
« Á l’école, je suis devenu quelqu’un qui connaissait très bien les gens mais je n’étais pas toujours très fidèle à la vérité et je racontais des histoires ». Le récit de son départ de l’école pour la société de commerce Melchers et Cie montre qu’il n’a jamais vraiment renoncé à raconter des histoires. En effet, il a toujours mis en avant le fait que c’était sa mère à qui l’on avait proposé un poste d’apprenti pour son fils qui l’avait retiré de l’école afin qu’il entre au plus tôt dans la vie active. Les faits tels qu’il les rapporte dans son cahier sont sensiblement différents : d’année en année, le cercle de ses amis d’enfance s’était réduit au fil des redoublements et des déménagements. Il arrive même un moment, en 1929 où la classe était devenue si petite qu’il ne pouvait plus tricher lors des contrôles ! Mis au premier rang, il n’hésite pas à obtenir un certificat médical à propos de sa vue pour justifier un déplacement en fond de classe. Mais le professeur est inflexible et particulièrement sévère. « Désespéré, j’ai réussi à entrer chez Melchers. »
Ainsi donc, il faut laver ma pauvre grand-mère de tout soupçon : ce n’est pas elle qui a imposé à son fils d’abandonner ses études. Ce qui n’est guère étonnant puisque l’on apprend par ailleurs qu’il bénéficiat de cours particuliers de maths et d’anglais. Il n’est pas exclu que mon père ait fini par croire à son récit déculpabilisant. Ne reconnaît-il pas que s’il a passé une merveilleuse année dans l’école de commerce qui préparait à l’entrée chez Melchers, c’est sa « carrière qui en a fait les frais ». (à suivre)
Rédigé à 08:20 dans Auteur | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: Brême, Melchers
« Nous nous étonnons de notre difficulté à prendre conscience vraiment de la disparition d'un être, de son anéantissement ; mais cette difficulté ne procède-t-elle pas d'une autre impossibilité, qui renvoie férocement chacun à sa solitude essentielle, celle de concevoir l'existence même d'autrui, sinon par les battements de tambour de nos sens alertés par sa présence ponctuelle auprès de nous ? Le manque et l'absence s'éprouveront ainsi et pour cette seule raison qu'il ne les sollicitera plus. Pour autant, nous ne le tenions pas davantage lorsqu'il était en vie et hors de toute appréhension immédiate ; loin de nous, il était comme mort. Qu'il le soit à présent pour de bon est une situation qui, d'une certaine façon, ne concerne que lui. Il n'est aussi bien pas faux de dire qu'il continue de vivre en nous, dans la mesure de nos moyens et de la place que lui réserve notre imagination. »
Rédigé à 07:51 dans Auteur | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: Éric Chevillard
La majorité des lecteurs de ce blog attendent sans doute que j’y apporte
plus d’éléments sur le destin particulier d’un Allemand antinazi et les
questions plus générales que cela soulève, bref des informations et un peu de réflexion parfois. Quelques autres lisent plutôt les
pages consacrées à l’Île aux Moines où il a passé un bon tiers de sa vie. Mais
pour tenir un rythme honnête de publication il faut, vous vous en doutez, des
documents et du temps. Or, les premiers dépendent aussi du second car faute de
temps pour partir à la recherche d’un traducteur, je reste en panne de
matériaux, même s’ils occupent désormais une place considérable dans mon
bureau.
Amené d’une certaine façon à tourner, pour mon compte, la page de l’Île aux
Moines, je n’ai rien trouvé de mieux que de remplacer une maison où soufflait
un certain esprit contre une demeure qui s’est imposée à moi parce que j'y retrouvais aussi cet esprit qui fait que des lieux vous habitent autant que vous les habitez Et, puisque je suis là avant tout pour vous parler de mon père, je
constate que s’il m’a sans doute transmis le goût des vieilles pierres, il n’avait
lui-même que peu d’attention à l’esprit des maisons, à la beauté des lieux.
Quelles qu’elles soient, il les investissait pour leur donner son esprit. Il n’hésitait
d’ailleurs pas à obstruer portes et fenêtres avec ses livres et sans les freins
qui lui étaient mis, il aurait sans doute rendu ses maisons proprement inhabitables.
Il semble en fait n’avoir jamais eu besoin de plus que la petite sacristie qu’il
avait investie, rue Blanche, à Paris, en 1946. La seule condition était qu’hormis
un lit pouvant servir le jour durant à étaler des documents et d’une table
pouvant accueillir une machine à écrire, il ne demandait que des annexes
extensibles pour y entreposer ses livres et papiers.
Mes parents ont vécu et m’ont fait vivre dans la nostalgie de leurs paradis
perdus. Le 7 Parkstrasse à Brême et le Pré des Rois à la Ferté-Saint-Aubin. Le
second appartient à mes souvenirs d’enfance et la maison s’ouvrant sur une
prairie entourée d’arbres n’est sans doute pas étrangère à ce qui m’a touché
dans la maison qui désormais me vole le temps que je devrais consacrer à ce
blog ! C’est que, incorrigible optimiste, je reste persuadé qu’au-delà des
paradis perdus, il y a les nouveaux paradis où joueront des enfants. On me pardonnera, j’espère, de parfois
leur donner la priorité sur les paradis et les enfers d’hier.
Rédigé à 16:28 dans Auteur | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
Balises: Brême, Ile aux Moines
François de Beaulieu est l'auteur d'une trentaine d'ouvrages aussi divers que Mer vivante en Bretagne, Quand on parle du loup en Bretagne, La Bretagne - idées reçues, ou, aux Éditions Ouest-France, Bretagne sauvage, Les jeux des Bretons, Mon père, Hitler et moi.
Retrouvez ses publications sur www.edilarge.fr
Rédigé à 10:01 dans Auteur | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)