C’est, très probablement, le 11 février 1871 qu’Henriette von Gröning a reçu pour ses vingt ans une petite montre en or portant son monogramme. Mariée à Karl Jaspers Oelrichs (1844-1923), elle a eu cinq enfants dont une fille, ma grand-mère Élisabeth (1890-1945). Cette dernière hérita de la montre au décès de sa mère en 1933. Mon père retrouva l’objet en 1947 dans les quelques souvenirs qui avaient échappés aux bombardements. Il était resté, depuis, dans un tiroir de son bureau, échappant miraculeusement à un cambriolage.
Même si l’objet qui donne l’heure à ma fille lui permet aussi de téléphoner (il pourrait même aujourd’hui, si elle était moins sage, lui permettre de regarder la télévision, d’écouter la radio, d’aller sur Internet et de faire des jeux), la montre de sa grand-mère pourra assurer une forme de communication plus subtile, puisqu’elle ne manquera pas de lui ouvrir une petite fenêtre vers un passé qui n’est révolu que dans la mesure où nous le négligeons, vers celles qui, avant elle, ont tenu cet objet dans leurs mains et ne seront disparues que quand nul n’y pensera plus.
Ce sera donc un de mes cadeaux, ce 24 décembre, pour le vingt ans de Iona.
très joli cette histoire de montre
Rédigé par : daniel | 25 décembre 2008 à 18:37