Ne perdons pas de vue l’un des objets de ce blog qui est de compléter et, le cas échéant, de corriger, le contenu du livre paru. Vous aurez un jour votre poids de révélations mais il faudra subir avant nombre de mises au point anecdotiques (même si je m’efforce d’élargir un peu le propos). Aujourd’hui, la découverte d’une photographie et d’un courrier me donnent l’occasion de revenir sur un petit paragraphe où j’écrivais : « Il faut enfin ajouter que le jeune commerçant brêmois profite de sa présence à Londres pour rencontrer des parents éloignés, voire très éloignés, tous prévenus de son arrivée. Il y a les cousins et cousines de sa mère : Gwendelen Selby-Hall, présidente de l’association des nurses ; le capitaine Richard Vaughan-Oelrichs et le capitaine Vivian Oelrichs, secrétaire de la Société royale de géographie et père d’une petite April Oelrichs, née en 1931, qui deviendra une danseuse assez réputée. Quand il essaiera de retrouver cette dernière dans les années 1950, mon père mettra une petite annonce dans une agence pour artistes. Ce qui lui permettra d’avoir bientôt un courrier de sa cousine mais assorti de vertes remontrances car il avait indiqué l’âge réel de la danseuse ! »
La lettre, banale, montre que les relations avec April sont restées bonnes, mais la photographie trouvée dans les papiers de mon père (ci-dessus en illustration) ainsi que divers documents découverts par ailleurs révèlent qu’April a fait une assez belle carrière d’actrice au point que le chroniqueur Earl Wilson a pu écrire en 1957 que « Brigitte Bardot of France and April Olrich (sic) of Uruguay were This Year’s Pretty Bodies... ».
April est née à Zanzibar (les lecteurs du livre savent qu’une autre parente fut princesse de Zanzibar), d’un père anglais travaillant au Ministère des affaires étrangères et d’une mère américaine. Ils vécurent ensuite aux Seychelles, en Uruguay, en Argentine. Elle est entrée à douze ans dans une compagnie de ballets et a mené parallèlement une carrière d’actrice et de danseuse de music-hall. Le seul rôle important sera celui qu’elle tiendra dans La bataille du rio de la Plata, un film de Michael Powell tourné en 1956. Elle y est particulièrement remarquée pour la bonne raison qu’elle y tient le seul rôle féminin, celui de Dolores, chanteuse de bar. Elle participe à de multiples spectacles (la liste est ici) et se marie en 1968 à San Francisco avec un danseur rhodésien de 34 ans, Nigel H. Pegram.
Á compter de cette date, il ne m’a pas été possible de retrouver la moindre trace d’April Oelrichs qui a, de toute évidence cessé de danser et de jouer le jour où elle est devenue Madame Pegram. Mais en rédigeant ces lignes, j’ai pis conscience qu’elle n’a pas encore quatre-vingts ans et qu’un jour peut-être quelqu’un lui dira qu’une nouvelle référence la concernant est apparue sur le Web. Mon livre découvert dans une bibliographie a bien déjà permis à ma cousine (au second degré) Gaby Oelrichs de me faire signe… C’est sa mère, qui vit actuellement en Suède, qui est la petite fille sur la photographie réalisée dans le jardin de la maison de Brême et où se trouve ainsi enfermés trois siècles d’histoire.
J’ai gardé un détail pour les courageux qui m’ont lu jusqu’ici : les rares biographies d’April Oelrichs la font naître en 1933. Mais les généalogies familiales sont formelles : elle a vu le jour en 1931. Mon père lui avait donc bien posé un problème en révélant qu'il lui manquait deux ans.
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