Je suis en colère. J’ai eu beau laisser un peu de temps passer, je reste en colère.
La presse rapporte, sans quasiment commenter ou analyser, le vote intervenu de 8 septembre au parlement allemand. Un projet de loi soutenu par les cinq partis représentés réhabilite en bloc 30 000 « traitres de guerre » dont la grande majorité sont morts, exécutés pendant la guerre ou atteints par l’âge ou la maladie. Il se trouve que l’un d’eux, Ludwig Baumann est originaire de Brême et qu’à 87 ans, il incarne aujourd’hui ces hommes à qui on a si longtemps refusé une reconnaissance, à qui on a tout simplement refusé de casser les jugements des tribunaux militaires nazis qui les avaient condamnés parce qu’ils avaient déserté ou manifesté leurs opinions.
Je ne sais pas encore bien quelle différence a pu être introduite dans le cas de mon père pour qu’il ait été réhabilité et indemnisé en 1997. Procédure réservée aux « résistants » estampillés ?
Les partis conservateurs ont longtemps été opposés à une réhabilitation collective des « traîtres », lui préférant une procédure au cas par cas, afin de déterminer quelles condamnations étaient « légitimes ». Mais ils ont changé d'avis après qu'un ancien haut magistrat a estimé, dans un rapport remis au ministère de la Justice, que la base juridique des condamnations pour traîtrise, une loi nazie de 1934, était un instrument de répression arbitraire.
Ainsi donc, il a fallu attendre 64 ans pour que l’on admette que ces hommes n’étaient pas coupables, n’étaient pas de mauvais Allemands. Pendant 64 ans, en fait, on a considéré que les lois et les tribunaux nazis avaient eu quelque légitimité à les condamner. Et on veut me faire croire que la guerre s’est achevée le 8 mai 1945 ?
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.