Fin 2007, le gouvernement espagnol a promulgué la Loi 52 sous le titre « Loi de mémoire historique ». Cette loi serait destinée à donner des droits à ceux qui ont été persécutés par la dictature franquiste. Il y avait à peine dix ans que le Parlement allemand avait réhabilité une partie des résistants allemands au nazisme. Les lecteurs de mon livre savent qu’ils avaient alors touché 7 500 DM (4 000 euros), sauf ceux qui – comme mon père – ne résidaient pas en Allemagne.
Il faut croire que le pouvoir espagnol s’est secrètement inspiré de ce qui s’était fait en Allemagne. Tout dans leurs décisions respire, en effet, la même mesquinerie.
Pour « bénéficier » de la loi, il faut avoir 77 ans en 2007 et justifier de trois années ou plus d’incarcération. Il faudrait donc être né avant 1940 et considérer que les opposants de la génération d’après-guerre n’ont fait que passer d’excellentes vacances à l’ombre des geôles franquistes.
Généreusement l’État espagnol offre 6010,00 € pour indemniser ces trois années de prison et 1202,02 € de plus par année supplémentaire de prison.
On notera que le même État espagnol avait, par exemple, comptabilisé en 1999 un total de 1300 « victimes du terrorisme » et avait prévu pour elles plus de 46 000 millions de pesetas par an, soit, 215 000 euros par personne. En 2009, en cherchant bien, il en a trouvé 300 et les traitera avec la même sollicitude. Mais il y a terrorisme et terrorisme. Celui exercé par le franquisme semble devoir bénéficier de larges circonstances atténuantes. Au nom de la paix civile, nul tortionnaire n’a été inquiété. Au nom de la « justice » les victimes du franquisme doivent remplir un questionnaire et apporter leurs preuves alors que lesdites preuves sont toutes jalousement conservées dans les archives de l’État espagnol. Par une incroyable négligence celui-ci n’a en effet délivré aucun certificat du genre « cet individu a passé trois jours dans le commissariat d’Atocha où il a été régulièrement roué de coups, puis sept semaines à la prison de Carabanchel » !
Bref, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire ici, les guerres ne sont pas finies.
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