Dans les tous derniers cartons de paperasses laissées par mon père et voués à la poubelle, j’ai fini par découvrir un grand cahier sans couverture. Il comporte 48 pages numérotées et entièrement remplies d’un texte à l’encre noire pour l’essentiel avec quelques annotations au crayon sans doute plus récentes. S’y ajoutent huit pages issues d’un cahier identique, quatre avec des citations notées au crayon et quatre autres de la même encre et de la même écriture que le cahier principal dont elles semblent constituer l’achèvement : elles sont signées et indiquent qu'elles ont été rédigées entre le 31 décembre 1934 et le 4 janvier 1935, il y a donc 76 ans, alors que mon père avait 21 ans. Il s’agit de ses souvenirs d’enfance et de jeunesse. Le récit commence le 1er avril 1919 et comporte une sorte de chronologie assez précise de ce qui a marqué son existence : des listes de camarades, des notes obtenues à l’école, des lectures, des concerts, des voyages, des rencontres et des réflexions sur son évolution personnelle. C’est d’autant plus intéressant que ce document a été écrit après son séjour à Londres et Paris et qu’il correspond à la période à laquelle il s’est engagé dans ses études de théologie.
Il va de soi que je meurs d’envie d’en savoir plus que ce que je devine entre les lignes et que si les autres documents peuvent attendre un peu, celui-ci est de loin à traduire en priorité. S’il est des visiteurs de ce blog qui pourraient assurer ce travail, je suis bien sûr prêt à les indemniser. Il y a sûrement dans ces pages de quoi corriger et compléter Mon père, Hitler et moi.
Il est tout à fait étonnant que ce document ait survécu à la guerre, aux saisies de la police militaire et aux déménagement. Le plus probable est qu'il a fait partie des papiers personnels déménagées in-extremis de la chambre d'étudiant de mon père par Eva John et ses amis Quakers après son arrestation. Peut-être la réponse est peut-être dans les lettres d'Eva John qui attendent aussi d'être traduites...