J'ai un devoir vis à vis de ceux qui ont lu Mon père, Hitler et moi et qui reviennent ici parfois glaner quelques nouvelles de notre héros personnage principal. En ne jetant jamais rien, mon père a conservé toutes les preuves de ses petits arrangements avec la vérité. Il ne s'agit pas ici de l'en blâmer mais plutôt que chacun se rappelle le contexte difficile dans lequel il fallait sauver sa peau, manger tous les jours, trouver un abri et du travail. Ce qui n'avait rien de simple pour un Allemand portant un nom français. C'est dès le 5 juin 1945 que mon père a quitté le camp américain de Pleiss. où il était arrivé le 8 mai. On peut constater qu'il avait rédigé un premier certificat (à gauche) le présentant comme s'appelant Beaulieu, étant marié et résidant à Colmar ! Sans doute ramené à la réalité par le livret militaire que les Américains avaient confisqué, il reçoit un certificat plus près des réalités de l'état civil (à droite). Bizarrement, à côté de ces deux documents, mon père conservait un "cerificat" signé d'un major du quatier général américain, daté du 3 juin et attestant que Charles de Beaulieu est un prisonnier français (avec "alsacien" en surcharge manuscrite) qui a été "employé par l'organisation les six dernières semaines". Cependant, la signature originale a été découpée et je reconnais parfaitement l'écriture de mon père dans celle qui est ajoutée sur un papier collant. Dans quel but ? Il n'y a même pas un tampon sur ce "certificat" !
Ce qui est certain, c'est que, faux papiers ou pas, mon père sera libéré et, près avoir sauté du train approchant de Strasbourg, il sera accueilli dans la famille d'un de ses amis alsaciens du camp, où il commencera à se refaire une santé. Environ trois semaines plus tard, il partira pour Paris et se présentera à la gare d'Orsay où l'on accueillait les réfugiés et les prisonniers libérés. Comme le monde est petit, il aurait déjà pu rencontrer ma mère qui y oeuvrait activement. Mais il devra attendre encore un an et demie pour la croiser à nouveau.
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