Nos hasards nous ressemblent disaient François Truffaut. C’est sans doute pourquoi j’ai accepté d’écrire un petit chapitre du catalogue de la prochaine exposition consacrée à Mathurin Méheut (1882-1958) et la nature par le musée qui porte le nom de ce peintre à Lamballe.
Cela m’a donné l’occasion de visiter l’exposition intitulée « La grande guerre vue par Méheut et ses contemporains ». Je ne pouvais qu’être touché par les gravures d’Otto Dix (1891-1969) et l’extraordinaire huile de Jean-Georges Cornélius (1880-1963) intitulée « La patrie. Champagne 1917 » où l’on ne distingue que le haut de la tête et les avant-bras d’un soldat enseveli. L’œuvre est « un hommage aux martyrs en putréfaction » d’un force au moins aussi grande que celle de Méheut intitulée « L’exécution capitale, nord d’Arras, 5 juillet 1915 » où le dégoût des poilus qui détournent la tête m’a directement renvoyé au laconique commentaire de mon grand oncle Charles Rigault « On nous réveille à 4h 30 pour assister à 5h 30 à la triste exécution d'un homme qui n'a pas suivi sa section au feu. On attend une heure sous la pluie cette exécution impressionnante et lamentable : l'homme crie qu'il ne veut pas mourir ; il tombe à la première décharge et le bataillon défile devant ce malheureux, l'arme sur l'épaule ». Même économie de moyens, même dégoût.
Un dessin de l’exposition me frappe plus que les autres, il en constitue d’ailleurs l’affiche et la couverture du catalogue (Musée M. Méheut, BP 70418 22400 Lamballe). Bien sûr, il y a la grande sauterelle verte au premier plan et le guetteur mais quelque chose de plus qui m’intrigue et qui ne s’éclaire que quelques jours plus tard. Ce dessin et plusieurs autres, ont été réalisés au bois de la Gruerie en septembre et octobre 1915, tout juste là où, un an plus tôt, Charles Rigault a été mortellement blessé…
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