L’année de la biodiversité s’est achevée mais plus personne n’en parle. On a même le sentiment que tout le monde parle d’autre chose, comme si de rien n’était. Pour ceux qui ne lisent pas le quotidien Le Télégramme où j'ai développé ce que j'en pense le mercredi 29 décembre, voici le texte.
La Bretagne dispose de quelques beaux outils pour protéger ses espaces naturels. Il est encore trop tôt pour évaluer les aires marines protégées mais les réserves naturelles, Natura 2000, les parcs naturels régionaux et la loi Littoral ont largement eu le temps de faire leurs preuves. L’année internationale de la biodiversité a-t-elle contribué à sensibiliser les acteurs et à faire avancer les actions concrètes ?
Du côté des réserves naturelles et de Natura 2000
Si l’on ne peut que se féliciter de l’efficacité des sept Réserves naturelles d’État bretonnes et de la création récente de six Réserves naturelles régionales, force est de constater que la mise en place de ces outils forts de protection ne se fait qu’à la vitesse d’un escargot de Quimper. La frilosité des élus y est pour beaucoup : « encore des contraintes ! » s’exclament-ils généralement quand on évoque des projets devant eux. L’année internationale de la biodiversité n’a, hélas, guère contribué à modifier ces réflexes d’un autre âge.
Quant à Natura 2000, c’est un bel outil qui a fait ses preuves comme espace de dialogue ; l’extension à de vastes zones marines est une importante avancée. Il restera à mesurer si la politique contractuelle mise en œuvre suffira à atteindre les objectifs de préservation de l’existant fixés par l’Europe. On constate déjà que si les études d’incidence sont obligatoires pour les projets qui pourraient affecter les zones Natura 2000, les experts indépendants font défaut pour en mesurer la fiabilité.
Du côté des parcs naturels
Le Parc naturel régional d’Armorique a commémoré ses 40 ans en 2010 tout en adoptant sa nouvelle charte. Un immense défi l’attend s’il veut faire oublier son triste bilan du point de vue du patrimoine naturel (5 500 hectares de landes perdus entre 1976 et 2002). Le Parc n’a pas non plus su accompagner les écomusées dans leur nécessaire évolution alors qu’ils étaient la base d’une meilleure relation entre les hommes et leur territoire.
Mais il y a pire. Le Parc d’Armorique a le mérite d’exister. Celui du golfe du Morbihan qui est en gestation depuis 1994 est encore dans les douleurs de l’enfantement. La majorité des élus de Vannes agglomération ont, le 15 novembre 2010, remis en cause les bases de la charte validées par le Conseil national de protection de la nature et le Conseil régional, arguant qu’il n’y avait pas assez d’espace pour les zones d’activité et l’urbanisation. L’année internationale de la biodiversité a, semble-t-il, glissé sur certains élus.
Du côté de la loi Littoral
Rituellement, depuis le vote de la loi Littoral en 1986, on trouve des élus pour s’en plaindre. Année internationale de la biodiversité ou pas, 2010 n’a pas fait exception à la règle. « Aberrations », « Des territoires entiers sont figés », « loi pour le Midi », les maires n’ont pas eu de mots assez forts pour, en cette fin d’année, stigmatiser les règles engendrées par la jurisprudence et réclamer un « toilettage ». Ils oublient que l’on a vu trop de jolis chiens rendus méconnaissables par un simple toilettage et que cette loi, arrivée alors que le pire était fait dans le Midi, a préservé l’essentiel d’un élément essentiel de l’attractivité de la Bretagne.
Si, justement, chaque maire ne voyait pas le Midi à sa porte, il lui serait possible d’œuvrer pour que les réels sacrifices réalisés par des communes du littoral soient autant de chances pour un intérieur en déclin. Doit-on céder à la demande effrénée de terrains à bâtir dans les communes littorales ou jouer une vraie solidarité territoriale en pensant l’avenir sur la base de l’équilibre plus que du développement ?
Bonne année ?
En 2011, on célébrera l’année internationale de la forêt. C’est sans doute pourquoi, dès maintenant, l’État anglais envisage de vendre ses forêts pour boucher les trous de son budget. C’est sans doute pourquoi, en France, l’Office national des forêts est engagé dans une politique productiviste qui cherche plus que jamais la rentabilité à court terme. Pourvu que personne ne pense à une année internationale de la paix.
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