Depuis l’ouverture de ce blog, la
tentation est forte pour moi, je dois l’avouer, de lui donner une périodicité
quotidienne sous le titre « Une mauvaise nouvelle par jour ». Ceux
qui le suivent régulièrement, n’y verront pas une dérive par rapport à son objet
initial. Si mon père avait tenu un journal quotidien à partir de 1933 et,
parallèlement, eu accès à des sources d’information variées, il aurait pu y
noter une mauvaise nouvelle par jour ponctuant la montée des totalitarismes.
Aujourd’hui, la montée des périls climatiques, énergétiques et biologiques
n’annule pas la montée de nouveaux risques totalitaires, bien au contraire.
Une rapide revue de presse
quotidienne, la lecture de quelques sites Internet bien informés permet
aujourd’hui de trouver sans peine son lot quotidien de mauvaises nouvelles. Je
m’avise d’ailleurs qu’à l’inverse, s’il m’était venu à l’idée de tenir aussi un
journal à partir de 1967, ce sont de bonnes nouvelles que j’aurais été tenté
d’y consigner : ce n’étaient partout que révoltes, agitations, séditions.
Dix ans après, l’inquiétude était déjà sensible et le collectif Écologie 78
dont j’étais partie prenante évoquait les lourdes menaces qui pesaient sur la
planète.
Pourtant, je ne me lancerai pas
dans un blog quotidien et ce pour trois raison. La première est que les
journées n’ont que 24 heures et que publier quelques lignes un tant soit peu
vérifiées et correctement rédigées prend un temps considérable. La seconde est
que je préfère consacrer mon temps libre à des actions concrètes de protection
de la biodiversité en Bretagne. La troisième est que tous ceux que la
problématique intéresse peuvent très facilement trouver cette mauvaise nouvelle
quotidienne et, qu’il existe d’excellents sites qui, sans être spécifiquement
dédiés à voir le monde s’obscurcir, apportent de remarquables informations et
analyses à un nombre d’internaute infiniment supérieur à celui que je touche
ici. Au premier rang de ceux-ci, il y a le blog de Fabrice Nicolino qui sait éveiller
les consciences et, contrairement à mon projet masochiste, donner aussi des
raisons d’aimer la planète et ceux qui y vivent.
Je comptais terminer sur les
fortes paroles tirées d’une récente interview de James Hansen, le spécialiste
américain du climat. Il se trouve qu’hier soir, Fabrice Nicolino en a fait le
sujet de son billet Voici la citation qui avait attiré mon attention :
« Je préfèrerais que cela
n’arrive pas [un accord à Copenhague] si les gens doivent le
considérer comme la bonne voie parce que c’est la voie du désastre (…) C’est semblable
au problème de l’esclavage affronté par Abraham Lincoln ou au problème du
nazisme auquel Winston Churchill a fait face (…) Sur ce genre de problèmes,
vous ne pouvez pas faire de compromis. Vous ne pouvez pas dire :
“réduisons l’esclavage, trouvons un compromis et réduisons-le de 50% ou
réduisons-le de 40%” ».
Je ne peux donc que vous renvoyer
à son commentaire en vous invitant seulement, pour ne pas perdre le fil de mon
blog, à revenir à notre point de départ tel qu’il apparaît explicitement
dans la citation de Hansen : dès 1933, fallait-il prêcher le compromis
avec Hitler ou lui barrer la route, coûte que coûte ? Et avant 1939, il
était arrivé suffisamment de mauvaises nouvelles pour que l’on ne puisse pas
dire qu’il était impossible d’imaginer ce qu’était son programme même sans
avoir la clairvoyance d’un André Breton qui écrivait en 1925 : « Il
y a des gens qui prétendent que la guerre leur a appris quelque chose ;
ils sont tout de même moins avancés que moi, qui sais ce que me réserve l’année
1939. »
En ce qui concerne le
réchauffement climatique, vous êtes aussi avancés que moi et vous savez qu’il
ne faudra pas attendre 2039 pour être au cœur de la guerre climatique. NOUS Y
SOMMES Déjà.